Mesurer l’impact de l’isolement familial des nouveaux parents sur le développement de leur bébé

Cette recherche-action a été menée en 2012 en partenariat entre, d’une part, l’université de Franche-Comté et le laboratoire de recherche Nicolas Ledoux – auquel appartient la porteuse de projet, Delphine Vennat – et d’autre part, le service local d’hospitalisation à domicile maternité (Mutualité française Doubs). Son instigateur principal est Denis Mellier, professeur de psychologie clinique et psychopathologie. 

Son principal objectif était d’évaluer l’impact de l’isolement familial de nouveaux parents lors des premiers mois suivant la naissance de leur enfant. En effet, soulignait Delphine Vennat, alors doctorante en psychologie clinique et psychopathologie à l’université de Franche-Comté, de plus en plus de parents, isolés de leurs propres familles, souffrent d’un défaut de soutien et d’étayage pourtant essentiels à l’arrivée d’un nouveau-né. Assez nouvelle mais de plus en plus fréquente, cette situation pourrait avoir des répercussions sur le "devenir parent" et le "devenir bébé", tout en conférant une place insolite aux professionnels de la petite enfance.

C’est la place nouvelle de la famille et des professionnels que cette recherche a évalué. Afin de réaliser cette recherche-action, une équipe pluridisciplinaire composée de psychologues, sages-femmes et chercheurs, a travaillé en partenariat depuis le recrutement jusqu’au suivi des familles à domicile, entre les premiers jours de vie de l’enfant et ses 18 mois. L’étude a été réalisée au sein d’une population bénéficiant d’une hospitalisation à domicile après la maternité, suite à un risque perçu (accompagnement de la relation mère-enfant ou de l’allaitement, suivi d’ictère…).

Cette recherche-action était considérée comme une étude pilote, car aucune autre n’avait encore été effectuée sur ce thème en France. Ses résultats ont donc intéressé un large éventail d’interlocuteurs de la petite enfance.

Entretien avec Delphine VENNAT

Après deux années d’exercice comme psychologue clinicienne en région parisienne, je suis actuellement doctorante en psychologie clinique au laboratoire Sciences humaines, langages et sociétés, MSHE Claude Nicolas Ledoux (USR 3124) de l’université de Franche-Comté.
 

Des nouveaux parents de plus en plus isolés

La recherche que j’effectue dans le cadre de mon doctorat a comme point de départ un constat : celui de l’isolement familial croissant dont se plaignent de plus en plus de nouveaux parents. Cet isolement est soit relationnel, soit géographique, et peut parfois être cumulé. Cette recherche a pour objectifs d’évaluer l’impact de cet isolement sur l’état psychologique des parents, sur leur capacité de faire appel à des professionnels et enfin sur le développement du bébé. Une équipe permanente de six personnes participe à cette recherche-action qui associe l’université de Franche-Comté et le service local d’hospitalisation à domicile maternité (Mutualité française Doubs) : psychologues, sages-femmes et chercheurs. Son instigateur principal est Denis Mellier, professeur de psychologie clinique et psychopathologie à l’université de Franche-Comté.
 

Etayage familial et rôle des professionnels

Le manque d’étayage familial induit une souffrance parentale, et donc des risques pour le développement de l’enfant. Encore faut-il mesurer ce phénomène. Nous nous appuyons, l’équipe et moi, sur un matériel clinique très riche recueilli grâce à une méthodologie qualitative et quantitative : entretiens semi-directifs, questionnaires et échelles de mesure (19 au total). Ces mesures sont réalisées au domicile des parents à 8 reprises, des premiers jours du bébé jusqu’à ses 18 mois. Fin 2012, 21 familles avaient déjà été recrutées. Par ailleurs, cette situation semble conférer une place nouvelle aux professionnels de la petite enfance. Mais laquelle ? Peut-on pallier des liens de famille défaillants en créant, par exemple, des lieux d’accueil inédits comme les centres parents-enfants ? Sur ces différentes questions, notre recherche-action peut être considérée comme une étude pilote. Ses résultats sont donc susceptibles d’intéresser un large éventail d’interlocuteurs de la petite enfance.