Mieux repérer les vulnérabilités maternelles au cours de la grossesse

Psychiatre, Valérie GAREZ travaille comme médecin assistant spécialiste à l’unité mobile de psychiatrie périnatale (PPUMMA) des Hauts-de-Seine. Elle a constaté que la plupart des mères adressées au PPUMMA au moment de l’accouchement ou en post-natal présentent des antécédents psychiatriques et/ou ont déjà pris des traitements psychotropes. La recherche, réalisée avec les maternités du réseau, a donc visé à déterminer si une attention précoce eût pu être portée à ces femmes par les professionnels de la maternité et quelles sont les caractéristiques, qualitatives et quantitatives, des femmes présentant une vulnérabilité psychique. Elle a également permis de sensibiliser les équipes de maternité à une meilleure prise en compte de l’environnement psychologique de la naissance et in fine, d’améliorer l’accompagnement, en amont et en aval de la naissance, de ces (futures) mères,

Entretien avec Valérie GAREZ

J’ai consacré mon mémoire de Psychiatrie à la « psychose puerpérale et eczéma du bébé », ce qui a éveillé mon intérêt pour les décompensations en post-partum.
 

Dispositif innovant en périnatalité

Par la suite, j’ai eu la chance de contribuer à la mise en œuvre de l’unité mobile de psychiatrie périnatale (PPUMMA), un dispositif innovant d’intervention d’urgence dans les quatre maternités du sud des Hauts-de-Seine. Au sein de cette unité, nous lions les aspects de recherche et clinique, ce qui m’a permis de réaliser un master 2 Recherche en psychologie à Paris V sur le sujet « Garçons, filles, quels débuts de différences ? »
 

Repérer les fragilités psychiques

La plupart des mères référées à la PPUMMA présentent des antécédents psychiatriques. D’où la question suivante qui est au cœur de notre recherche-action :les professionnels peuvent-ils repérer leurs difficultés en amont de l’accouchement ? Avec la psychologue Marie-Camille Genet et l'équipe PPUMMA et recherche (Dr.Apter, M. Valente, E. Devouche), nous avons élaboré un auto-questionnaire à soumettre aux mères lors de leur première consultation en maternité : environnement familial et social, précédents psychiatriques, émotions et difficultés rencontrées…
 
Il s’agit de repérer ces mères plus vulnérables dès la période périnatale, afin de mieux les prendre en charge. Les maternités du réseau utiliseront aussi ce questionnaire pour sensibiliser leurs équipes aux troubles psychopathologiques.
 

Une recherche qui se poursuit

Nous avons diffusé le questionnaire auprès de 1000 femmes à la maternité de Sèvres et obtenu un taux de réponse très élevé de 73,6%. Il nous reste à analyser toutes ces données, mais ce résultat est si satisfaisant que nous avons déjà obtenu le soutien de la Fondation de France pour poursuivre l’étude. Les mères seront à nouveau contactées lorsque leur enfant aura six mois.