Troubles de l’oralité chez l’ancien grand prématuré

Pédiatre et chef de clinique-assistant en réanimation néonatale à l'Institut de puériculture et de périnatalogie de Paris, Frédérique QUETIN a remporté le prix de Recherche Action 2008 pour son projet visant à répondre aux questions suivantes : les anciens grands prématurés souffrent-ils davantage que les enfants nés à terme de "troubles de la sphère orale" ? Pourquoi, et comment y remédier ?

Une quinzaine de professionnels travaillant à l'Institut ont été impliqués dans le projet : pédiatres, psychologues, pédopsychiatre, orthophoniste, puéricultrices, responsable de PMI… "L'oralité désigne l'ensemble des fonctions dévolues à la bouche, c'est-à-dire l'alimentation, le langage, la respiration, la gustation", expliquait Frédérique Quetin : "Nous étudions les troubles de l'oralité chez les anciens grands prématurés ne présentant pas de lésions cérébrales sévères : durant les premières semaines de leur existence, ils ont subi une assistance nutritionnelle à l'aide d'une sonde gastrique, voire une aide respiratoire. Notre étude a permis de constater que 90% des anciens prématurés ont souffert d'un ou plusieurs troubles de l'alimentation dans les trois premières années de vie : problèmes de déglutition, difficultés à manger l'alimentation en morceaux ou prise des liquides par un autre moyen que le biberon ou le verre (à la paille, par exemple)". Et de poursuivre : "Ces troubles restent très peu étudiés ; on ignore, par exemple, quels sont les principaux facteurs de risques : sévérité de la pathologie initiale, durée de l'intubation, poids de naissance, terme de la naissance ? Or mieux connaître ces troubles permettra peut-être d'adapter les soins de la sphère orale en période néonatale, en optant pour des gestes moins agressifs ou moins fréquents, ou en favorisant une stimulation positive de la sphère orale par des massages de certaines parties du visage et de la bouche".