Saint-Denis : améliorer l’attente aux urgences pédiatriques

La lauréate 2011 du prix de Pédiatrie Sociale est la pédiatre Houria GHOTI, qui a présenté, en accord avec la directrice de l’établissement, Elisabeth BEAU, un projet destiné aux urgences pédiatriques du Centre hospitalier (CH) de Saint-Denis.

Lorsque les familles arrivaient aux urgences pédiatriques du CH de Saint-Denis, depuis le mois de mars 2012, elles s’installaient toutes, spontanément, dans une salle d’attente, laissant l’autre vide. Le motif de cette attraction ? L’immense fresque qu’était en train de peindre une jeune artiste, Virginie SIVETON, qui couvrirait bientôt tous les murs de la salle, soit 30 à 40 mètres carré de superficie. Sur le thème du "grenier mystérieux", une multitude d’objets, des jouets – avec des allusions à monsieur Patate, Sophie la Girafe, Dora etc. –, des meubles, des animaux, des motifs un peu surréalistes, peints de manière vive et gaie. Bientôt, Virginie y ajouterait – y cacherait – une fillette espiègle et curieuse de 3 centimètres de haut, appelée Patience. Les enfants étaient alors invités à la chercher dans le pêle-mêle d’objets peints sur les murs, comme dans le célèbre jeu "Où est Charlie ?". Alors que l’œuvre n’était pas encore achevée, les familles se livraient déjà au jeu de la recherche et l’exploration...

Le temps d’attente, souvent vécu comme trop long et ennuyeux, parfois irritant, devient ainsi un temps de jeu et de distraction. Tel est l’objectif poursuivi par ce projet de fresques murales auquel la Fondation Mustela a attribué son Prix de Pédiatrie Sociale 2011 (un soutien financier de 10 000 euros). Car les urgences pédiatriques du CH de Saint-Denis accueillent chaque année plus de 26 000 enfants, soit, certains jours, plus d’une centaine de petits patients ! Et pour cause : accueillant une population défavorisée, le département, déserté par les médecins libéraux, enregistre le plus haut taux de natalité de France. D’où, aux urgences, de l’incompréhension – "ici, les soignants font beaucoup de social, ils expliquent les règles", soulignait Annie FOULON, cadre de santé du service – des tensions, du stress, des manifestations de violence, voire des interdictions d’accès à l’encontre de certaines personnes.

Dès que les deux fresques ont été finies – la seconde représente le stade de France – elles ont été accompagnées de consignes de jeu en français, en arabe, en roumain, en rom et en anglais. La peinture est recouverte d’un vernis lavable qui évite les dégradations. "Nous voyons déjà les fruits du projet, les familles sont déjà plus rassurées, l’ambiance moins agressive", commente la pédiatre Houria GHOTI, membre de l’équipe qui a porté le projet. Annie FOULON de plaisanter : "Si ça continue, les gens ne voudront plus partir. On devra faire payer l’entrée !". L’idée a semblé si bonne à la direction de l’hôpital que d’ores et déjà, d’autres services prévoient de s’en inspirer, comme la pédiatrie, la neurologie ou la gériatrie, notamment pour les patients atteints de la maladie d’Alzheimer.