Grossesses et tests projectifs

Alors psychologue clinicienne dans le service de gynécologie-obstétrique et reproduction humaine du CHI des Quatre Villes, à Sèvres (Hauts-de-Seine) et assistante de recherche clinique dans une unité de recherche RePPer (Recherche en Psychiatrie et en Psychopathologie PÉRinatale), Pauline Minjollet a reçu en 2013 une bourse de la Fondation Mustela pour son projet de thèse intitulé "Grossesses et tests projectifs".

Elle a étudié les modalités psychiques de la grossesse à des fins à la fois exploratoires et cliniques. La gravidité entraîne, en effet, de sensibles changements, sinon des bouleversements, au niveau physique, physiologique et psychologique. Or, ils n’ont jamais été étudiés à travers des tests projectifs tels que le test de Rorschach ou le TAT (Thematic Apperception Test).

Ce sont ces outils que Pauline Minjollet a privilégié dans le cadre de sa recherche. Elle les a soumis durant la grossesse et en post-partum, à une vingtaine de femmes enceintes aux divers profils psychopathologiques, déprimées ou non. Elle a également comparé leurs profils à quelque vingt femmes non-enceintes. Elle souhaitait ainsi confirmer (ou non) l’hypothèse selon laquelle les femmes présentant des symptômes dépressifs uniquement en postpartum "dévoileraient une coloration dépressive aux tests projectifs dès la grossesse", afin de mieux prendre en charge les femmes enceintes.

Entretien avec Pauline MINJOLLET

Sensible aux problématiques de la parentalité, je consacre ma thèse au sujet « grossesses et tests projectifs », émanation de mon expérience clinique et des interrogations soulevées par des travaux de recherche antérieurs.
 

Le recours aux tests projectifs…

Il s’agit d’étudier le fonctionnement psychique des femmes enceintes dans une visée à la fois exploratoire et clinique. En effet, la grossesse entraîne des modifications, voire de véritables bouleversements, au niveau physique, physiologique et psychologique. Durant neuf mois, la femme enceinte, confrontée à ses angoisses, à son ambivalence et aux réminiscences de sa propre histoire, se prépare à être mère. Or ces remaniements psychiques de la grossesse n’ont que très peu été étudiés à travers les tests projectifs tels que le test de Rorschach ou le TAT (Thematic Apperception Test).

Ce sont ces outils que je privilégierai dans le cadre de ma thèse, en étudiant les protocoles de 20 femmes pendant leur grossesse, puis un an après (test/re-test).

Une de mes hypothèses est que l’état de grossesse conduit à de nombreux remaniements psychiques, sous-tendus par la construction psychique préalable de la femme, mais aussi par des modifications du fonctionnement et des mécanismes propres à l’état gravidique. Ces modifications seraient ainsi perceptibles en comparant la configuration psychique des femmes au moment de la grossesse et à distance. Certaines dimensions psychiques des femmes enceintes se démarqueraient de par leur fréquence ou leur écart avec les protocoles re-test : préoccupation corporelle, relation maternelle et rigidité des mécanismes de défense, par exemple.
 

… pour une meilleure prise en charge

Une autre hypothèse que je souhaite éprouver, c’est que les femmes ayant une symptomatologie dépressive uniquement en postpartum dévoileraient une coloration dépressive aux tests projectifs dès la grossesse. J’espère ainsi que ma thèse améliorera la prise en charge des femmes enceintes confrontées à des difficultés psychiques.