Pratiques éducatives et bien-être de l'enfant à l'école : la contribution de l'éducation nouvelle (1910-2010) pour un nouveau paradigme éducatif

Lauréate en 2011 de l’Académie des sciences morales et politiques, prix de la Fondation pour le progrès en éducation, Fabienne Serina-Karsky était, en 2013, enseignante-chercheuse au département Carrières sociales de l’université Paris-Est Créteil (avec statut d’ATER, attaché temporaire d'enseignement et de recherche). Elle a consacré sa thèse en sciences de l’éducation aux "Ecoles nouvelles du XXe siècle en France, histoires et perspectives" à l’université Paris 8-Vincennes.

Mouvement international né au tournant des XIXe et XXe siècles, les "écoles nouvelles" concernent autant la transmission des savoirs scolaires selon de nouvelles modalités – les fameuses "méthodes actives" – que l’épanouissement personnel des enfants. Les grandes figures en sont Montessori, Decroly ou encore Cousinet.

La thèse a étudié les dispositifs mis en place par les enseignants des "écoles nouvelles"pour favoriser la bientraitance des enfants dans le milieu scolaire. Un sujet crucial dans les années 2010 où la violence scolaire s’aggrave, car il s'agissait de faire émerger un point de vue sur l’école autre que la stigmatisation. Fabienne Serina-Karsky était en effet convaincue que les pratiques en vigueur dans les établissements se réclamant de l’Éducation nouvelle seraient susceptibles de renouveler la réflexion sur la crise contemporaine de l’école et de nourrir l’élaboration d’un nouveau paradigme éducatif pour le XXIe siècle.

Nourri d’histoire, de sociologie, de clinique et de psychologie, inspiré de la "pensée complexe" du philosophe Edgar Morin, ce travail de recherche est intéressant autant pour les professionnels de l’éducation que pour les familles.

Entretien avec Fabienne SERINA-KARSKY

Lauréate en 2011 de l’Académie des sciences morales et politiques, bénéficiaire du prix de la Fondation pour le progrès en éducation, je consacre ma thèse aux écoles nouvelles du XXe siècle en France. J’espère ainsi participer à l’émergence d’un autre point de vue sur l’école que celui de la stigmatisation.
 

Education nouvelle…

J’étudie les dispositifs mis en place par les enseignants des « écoles nouvelles » en France pour favoriser la bientraitance des enfants en milieu scolaire. Je m’intéresse en particulier aux six écoles privées laïques, sous contrat avec l’Etat, réunies au sein de l’Association pour le développement de l’éducation nouvelle (ANEN). Héritières des principes énoncés lors de la naissance de la Ligue internationale pour l’éducation nouvelle, dont le premier congrès a eu lieu en 1921, elles promeuvent l’éducation comme outil de réalisation d’une société meilleure, débarrassée du bellicisme : « […] elle doit […] viser à conserver et accroître chez l’enfant l'énergie spirituelle [...et préparer] chez l’enfant, non seulement le futur citoyen capable de remplir ses devoirs envers ses proches, sa nation, et l’humanité dans son ensemble, mais aussi l’être humain conscient de sa dignité d'homme ». Parmi ses principaux protagonistes, on trouve des médecins éducateurs tels que Montessori, des pédagogues comme Freinet et des psychologues comme Claparède.
 

…et nouveau paradigme

L’étude à la fois historique et contemporaine des pratiques éducatives de l’Éducation nouvelle peut nourrir notre réflexion sur la crise actuelle de l’école. Ma thèse participera ainsi, je l’espère, de l’élaboration d’un nouveau paradigme éducatif pour le XXIe siècle qui favorise le bien-être de l’enfant à l’école.