Petite enfance et multi-handicap, compétences relationnelles et appétence de l’enfant à interagir avec l’adulte et avec des pairs

Alors étudiante à l’UFR de psychologie de l’université de Rouen, Anaïs Leroy consacre en 2013 sa thèse au sujet suivant : "Petite enfance et multi-handicap, compétences relationnelles et appétence de l’enfant à interagir avec l’adulte et avec des pairs".

L’objectif de son travail était de comprendre, chez les enfants de 0 à 6 ans atteints de déficiences multiples, "ce qui pouvait favoriser ou entraver le déploiement des compétences interactionnelles". Elle souhaitait aussi évaluer si la multiplication des professionnels auprès de ces enfants avait des conséquences sur leurs capacités et leur désir d’interagir avec des adultes et avec des pairs d’âge. La pertinence de cette présence professionnelle constitue en effet une préoccupation importante pour les équipes de soins et d’éducation, notamment au CAMPS (centre d’action médico-sociale précoce) de Rouen.

Pour réaliser sa thèse, Anaïs Leroy s’est appuyée sur l’expertise des parents et des professionnels, ainsi que sur l’observation de six enfants fréquentant le CAMPS de Rouen. Dans ses observations, elle a attaché une importance particulière aux liens entre enfants. L’expertise Inserm "Handicap rare" de 2012 soulignait en effet que les professionnels et les dispositifs d’aide proposés en France se centraient trop sur la mère de l’enfant, laissant dans l’ombre son père, mais aussi ses frères et sœurs. In fine, c’est à une meilleure inclusion dans le milieu ordinaire de ces enfants handicapés – puis des adultes qu’ils deviendront – que la thèse d’Anaïs Leroy a contribué !

Entretien avec Anaïs LEROY

Étudiante à l’UFR de psychologie de l’université de Rouen, je consacre ma thèse aux compétences relationnelles de l’enfant de 0 à 6 ans souffrant de divers handicaps. Mon objectif est de comprendre ce qui peut favoriser ou entraver, chez eux, le déploiement de telles compétences, cruciales pour leur meilleure inclusion dans le milieu ordinaire.
 

Une interrogation récurrente

Quel est l’impact d’une multiplication des rapports enfant/adultes sur le développement des compétences et de l’appétence à interagir du jeune enfant handicapé ? C’est une interrogation récurrente pour les équipes de soins et d’éducation, comme j’ai pu le constater au terme de plusieurs années de travail avec des professionnels et des familles concernées par le multi-handicap d’un enfant. Or, très peu d’études encore portent sur les compétences relationnelles de l’enfant, ou sur les conséquences des aides qui lui sont apportées dès son plus jeune âge. C’est précisément l’objet, et donc l’originalité, de ma thèse.
 

Un partenariat recherche/Camps

Cette thèse est portée par un partenariat entre le laboratoire de recherche Psychologie et Neurosciences de la Cognition et de l’Affectivité (PSY-NCA) de l’université de Rouen et le Centre d’action médico-sociale précoce (Camps) de la même ville. Cette structure, très demandeuse d’une recherche de ce type, m’a permis de recruter des familles qui participeront à l’étude. Une crèche a également donné son accord pour la réalisation des observations des enfants en situations d’interactions.
 

Une recherche centrée sur l’enfant

Enfin, j’attacherai une grande importance aux liens entre enfants, au sein de lieux de socialisation ordinaires notamment. L’expertise Inserm « Handicap rare » de 2012 souligne en effet que les professionnels et les dispositifs d’aide proposés en France se centrent trop sur la mère de l’enfant, laissant dans l’ombre son père, mais aussi les autres enfants avec lesquels il est en contact.