Troubles psychologiques après une hémorragie

En 2016, sage-femme au centre hospitalier universitaire (CHU) de Clermont-Ferrand où elle exerce une activité à la fois clinique et de recherche, Marine Julien est doctorante à l’université d’Auvergne. Elle travaille sur les conséquences psychologiques de l’hémorragie du post-partum (HPP) immédiate, principale cause de décès maternel au niveau national avec une incidence variant de 5 et 10%.

En partant des données de la maternité du CHU et d’entretiens auprès des mères, elle a étudié la prévalence de la dépression chez les femmes après une HPP immédiate à deux mois, six mois et un an post-partum – ainsi que la prévalence du stress post-traumatique et de l’anxiété. La visée pratique de cette étude était évidente : "Si nous mettions en exergue une différence majeure de risque de survenue d'une dépression, et/ou d'un état de stress et/ou d'une anxiété entre les femmes ayant eu une HPP comparées à celles sans HPP (…) nous pourrions informer les couples et leur proposer un suivi externe adapté à leur niveau de risque à leur sortie de maternité", expliquait la jeune chercheuse.

Entretien avec Marine JULIEN

Doctorante à l’université d’Auvergne, mes recherches visent à évaluer les conséquences psychologiques de l’hémorragie du post-partum (HPP) immédiate, principale cause de décès maternel au niveau national avec une incidence variant de 5 à 10%. Mon travail de terrain devrait commencer au printemps 2017.
 

Des questionnaires pour évaluer le stress

Il s'agit d'une étude unicentrique réalisée au sein de la maternité du CHU de Clermont-Ferrand où j'exerce en tant que sage-femme clinicienne. J'espère recruter 1500 femmes : 500 d'entre elles auront eu une HPP et 1000 non. L'inclusion est particulière puisque quand une femme ayant eu une HPP est recrutée, les patientes qui auront accouché juste avant et juste après seront recrutées pour faire aussi partie de mon étude. Les participantes volontaires remplissent un questionnaire qui prend une vingtaine de minutes visant à définir leur état d'anxiété, leur ressenti psychiques et leurs difficultés. Elles le font une première fois en suite de couche au sein de l'hôpital, puis par mail à deux mois, six mois et un an post-partum. Pour élaborer cette série de questions, je me suis appuyée sur des questionnaires validés tels que l'échelle de dépression post-partum d'Édimbourg, le test inventaire d'anxiété état-trait (STAI) ou encore le Gad-7 largement utilisé pour le dépistage des troubles anxieux généralisés.
 

Prise en charge psychologique pour les femmes ayant eu une HPP ?

La finalité de ce travail est de savoir si ces femmes ayant vécu une expérience difficile au moment de la naissance de leur enfant représentent une population à risque. Aujourd'hui, elles ne sont pas considérées comme telles et ne bénéficient pas d'une prise en charge psychologique spécifique.