Fongicides et développement de l’enfant

C’est dans le cadre d’une recherche postdoctorale en épidémiologie que Rémi Béranger, qui fait partie de l'équipe 9 du laboratoire IRSET - INSERM U1085, a étudié les effets des fongicides sur le développement de l’enfant, en particulier sa croissance intra-utérine, en se basant sur la cohorte nationale mère-enfant dite Elfe (pour ""Étude longitudinale française depuis l’enfance"").

Certes, des recherches récentes avaient cherché à caractériser les risques liés aux pesticides pour la population. Mais elles s'éatient limitées à l’exposition alimentaire ou à quelques classes chimiques. En revanche, l’exposition aux fongicides restait encore mal connue, malgré son usage alors courant en France (46 % des ventes de produits phytosanitaires, en volume, d’après Eurostat).

Les azolés et les carbamates, en particulier, sont utilisés en agriculture, mais aussi dans le cadre domestique (jardinage) ou en médecine humaine. L’exposition à ces produits chimiques peut donc être à la fois professionnelle, alimentaire, domestique, médicale et même environnementale, pour les populations proches des zones d’application agricole. Or des études préliminaires sur l’homme et l’animal suggèrent des effets délétères sur le poids fœtal, le poids de naissance et le système endocrinien.

À partir de prélèvements de cheveux (permettant de mesurer l’exposition aux pesticides) et de données collectées à la naissance auprès des mères de la cohorte Elfe, Rémi Béranger s'est proposé d’évaluer pour la première fois en France l’impact de l’exposition intra-utérine aux fongicides azolés et carbamates sur la santé du nouveau-né.

Il a croisé ces données avec de nombreux autres paramètres : mesures échographiques et données anthropométriques de l’enfant, utilisation de pesticides à domicile, estimation de l’apport alimentaire journalier en pesticides, proximité des lieux de vie aux terres cultivées…

Entretien avec Rémi BERANGER

Mon projet de recherche postdoctorale vise à explorer les effets des fongicides parmi les plus répandus sur le développement de l’enfant, en particulier la croissance intra-utérine, en me basant sur la récente cohorte nationale mère-enfant Elfe (« Etude Longitudinale Française depuis l’enfance »).
 

Des effets délétères suspectés

Les recherches récentes sur les risques liés aux pesticides se sont limitées à l’exposition alimentaire ou à quelques classes chimiques. Quant à elle, l’exposition aux fongicides reste mal connue, malgré son usage courant en France (46 % des ventes de produits phytosanitaires, en volume, d’après Eurostat) et malgré la description d’une vingtaine d’entre eux comme perturbateurs endocriniens et/ou reprotoxiques.

Les azolés et les carbamates sont utilisés en agriculture, dans le foyer (jardinage) et en médecine. L’exposition à ces produits peut donc être à la fois professionnelle, alimentaire, domestique, médicale et, pour les populations proches des zones d’application agricole, environnementale. Or des études préliminaires sur l’homme et l’animal suggèrent des effets délétères sur le poids fœtal, le poids de naissance et le système endocrinien.
 

Une première en France

À partir de prélèvements de cheveux permettant de mesurer l’exposition aux pesticides de 300 femmes, ainsi que des données collectées à la naissance auprès des mères de la cohorte Elfe, je me propose d’évaluer pour la première fois en France l’impact de l’exposition intra-utérine à 17 fongicides azolés et carbamates sur la santé du nouveau-né.

Je croiserai ces données avec d’autres paramètres : mesures échographiques et données anthropométriques de l’enfant recueillies dans le cadre d’Elfe, utilisation de pesticides à domicile, estimation de l’apport alimentaire journalier en pesticides, proximité des lieux de vie aux terres cultivées…

Outre les progrès attendus dans la connaissance des effets des fongicides sur le fœtus et l’enfant, j’espère tirer de cette étude des recommandations pratiques pour réduire l’exposition des femmes. Membre du conseil d’administration du Collège national des sages-femmes, je suis naturellement sensible aux recommandations utiles aux professionnelles.

À terme, je souhaite poursuivre mes recherches sur l’impact de l’environnement, si possible en tant qu’enseignant-chercheur engagé notamment dans la formation des sages-femmes.