Des soins efficaces et de qualité
Anne Chantry, sage-femme et docteure en santé publique a mené une étude épidémiologique en 2018 pour évaluer la qualité des soins en maisons de naissance en France13. 649 femmes y ont été prises en charge, dont 143 ont été transférées en maternité en cours d’accouchement. Dans 87% des cas il s’agissait de situations hors contexte d'urgence, principalement pour direction du travail, ou prise en charge de la douleur par moyens médicamenteux (type analgésie péridurale). Parmi les femmes ayant accouché en maisons de naissance, on notait très peu d’interventions :
• moins de 3% de ruptures artificielles des membranes
• moins de 2% d’épisiotomies
• 90,5% des femmes ayant eu un travail en maison de naissance ont accouché par voie basse spontanée, 6,5% par voie instrumentale et 3% par césarienne
• 31% ayant reçu une administration préventive d'ocytocine à l'accouchement.
Des situations de gravité peu fréquentes
En France, 3 à 4 % des femmes à bas risque ont connu une issue maternelle ou néonatale défavorable grave, quel que soit le lieu d'accouchement prévu. L’étude comparative sur les issues des femmes suivies pendant le travail en maternité ou en maisons de naissance, menée par Clara Rollet, sage-femme et doctorante en épidémiologie14, le confirme. En effet, il n’y a pas plus ou moins de risques pour les enfants qui naissent en maisons de naissance par rapport à une maternité. Pour les mères également, les résultats sont très favorables.
Malgré tout, l’étude a mis en évidence une légère augmentation du risque d’hémorragie sévère du post-partum chez les femmes suivies en maisons de naissance pendant le travail par rapport à celles suivies en maternité, peut-être en partie dû à la moindre administration prophylactique d’ocytocine après la naissance. Sur ce petit échantillon de mamans concernées, il n’y a cependant pas eu de différence en ce qui concerne les traitements de deuxième ligne de l’hémorragie. Les issues sur le mode d’accouchement étaient très favorables puisque dans cette étude, les femmes suivies en maisons de naissance avaient presque deux fois moins de risque d’accouchement par césarienne ou extraction instrumentale par rapport à celles suivies en maternité.
Notion de salutogénèse
Plutôt que d’aller chercher les causes des pathologies, il s’agit de se concentrer sur tout ce qui maintient et favorise la santé et le bien-être. Les maisons de naissance, par leurs spécificités, œuvrent particulièrement en ce sens ; en limitant les interventions et leur iatrogénie associée, en encourageant un sentiment d’autonomie et de responsabilité chez la femme, en promouvant activement la santé et le bien-être par des soins préventifs. Rien que le principe du One to one, c’est-à-dire une sage-femme disponible pour une seule femme qui accouche, permet un soutien empathique et continu pendant le travail et l’accouchement, aux effets extrêmement bénéfiques. D’après Clara Rollet, sage-femme et doctorante en épidémiologie1, les maisons de naissance offrent un cadre probablement protecteur sur tout ce qui touche la santé mentale dans le post-partum ainsi que les vécus traumatiques en lien avec l’accouchement.